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L’Ile de Luna – Edgar MORIN

Publié le par Véronique B.

Présentation de l'éditeur

"Ma-man..." Ce n'était pas possible qu'elle ne puisse entendre. Ce n'était pas possible que toutes les caresses, toutes les larmes qu'il versait pour elle, elle ne puisse jamais les reconnaître. Ce n'était pas possible que ses paroles à lui ne puissent traverser les airs, les éthers, l'enveloppe du ciel, jusqu'aux profondeurs de l'île. Ce n'était pas possible que les cyprès ne remuent doucement au souffle de l'appel, qu'une douce vague ne vienne clapoter avec l'appel sur la rive... E. M.

Le roman qu’on va lire a vécu près de soixante-dix ans d’une vie secrète. Il sait son âge mais il a mystérieusement, toute la fraîcheur paradoxale des commencements lointains. Largement autobiographique, il s’est écrit dans le souvenir encore inaltéré d’un deuil poignant, vibre d’une force d’empathie saisissante, a cristallisé toute l’émotion d’une première rencontre avec la mort et l’insupportable non-dit qui l’a entourée. (N.d.É.)

 

Biographie de l'auteur

Edgar Morin est sociologue et philosophe, directeur de recherche émérite au CNRS. Conscience de l'époque, lanceur d'alerte planétaire, il est l'auteur d'une repensée des problèmes de la connaissance dans les six volumes de La Méthode (Seuil) et de nombreux ouvrages traduits partout dans le monde. Chez Actes Sud ont paru Enseigner à vivre ("Domaine du possible", 2014) et Impliquons-nous (2015) en collaboration avec Michelangelo Pistoletto.

L'avis des Incorrigibles

Note sur 5 : * * * * *

André MERCIER a 9 ans. C’est un enfant heureux. Il est en admiration devant sa mère, qui l’adore et le cajole.

Un jour, quittant l’école, son oncle l’attend devant l’école et l’emmène chez lui. On lui dit que sa mère « est partie en cure à Vittel »…

Le jeune André comprend vite, mais refuse la réalité. D’autant plus, qu’il sera laissé à l’écart. Son père pense le préserver en agissant ainsi.

Mais André n’accepte pas qu’on lui raconte des histoires et il le montrera à sa manière, de tel sorte que toute la famille lui reproche de faire des caprices et de faire de la peine à son père… Quel ingrat !

Ce livre a été écrit par André MERCIER à l’âge de 25 - 26 ans. Une partie de son enfance. Jusqu’à quel point ?

En tout cas, un texte poignant, beau, qui serre le cœur. Et n’essayez pas d’abuser les enfants, ils le sentent. J’ai toujours pensé que la vérité valait mieux que le non-dit. Bien sûr, avec tact et compassion, mais malgré tout, il faut pouvoir mettre des mots sur les drames de la vie, et ne pas croire que les enfants ne pourraient comprendre.

Page 89
Il souleva lourdement sa couverture, projeta ses jambes vers le tapis. Il s’approcha avec lenteur du crêpe noir. Il aurait voulu le toucher, le froisser, le jeter par la fenêtre ouverte. Il n’osait pas avancer la main vers lui. C’était l’horrible, l’énigmatique ceinture du gouffre, refermée sur le bras ; c’était l’anneau du divorce, de la séparation absolue, des noces atroces avec la solitude. Il y avait dans ce brassard trop de vérité, trop de mensonge. Il y avait l’irrémédiable.

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