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Bouquiner - Annie François

Publié le par Véronique B.

Bouquiner - Annie François

Dis-moi comment tu lis, je te dirai qui tu es. Tel est le petit jeu, apparemment anodin, auquel se livre Annie François. Car le plaisir de lire est un plaisir sensuel autant qu'intellectuel. Des simples habitudes de lecture aux tics dans lesquels chacun se reconnaîtra, le bonheur de "bouquiner" est magnifiquement mis en lumière par une bibliovore passionnée, espiègle et tendre.

Annie François, longtemps éditrice au Seuil, a publié deux petits livres chocs, Bouquiner et Clopin-Clopant, dans lesquels cette femme de caractère racontait avec verve son compagnonnage avec les livres et le tabac. Elle est décédée le vendredi 26 juin 2009, après dix-huit années de cancer, en laissant derrière elle Mine de rien, cet ouvrage inachevé que son mari, l'architecte François Chaslin, postface aujourd'hui.

L'avis des incorrigibles lecteurs

Dire que sur mon profil chez Babelio j’ai mis une citation d’Annie François, qui m’avait bien plu en recherchant des citations sur les livres et que je ne me suis pas demandé de quel ouvrage cette citation était extraite et qui était Annie François.  Jusqu’au moment où un Babeliot  m’a demandé qui elle était.

Et bien c’est fait. Je suis allée voir qui était l’auteur et ce qu’elle avait écrit et je n’ai pu résister à acquérir, à me procurer, un de ses livres (je n’arrive pas à utiliser le mot « acheter » pour un livre).

Annie François nous raconte son amour, son addiction, ses rapports avec les livres. Et c’est un vrai petit bonheur. Elle décortique, à travers de très courts chapitres, le lien qu’elle a avec les livres, l’impact qu’ils ont sur sa vie. Elle égrène également par-ci, par-là, des titres et des auteurs qui lui ont bien plu.

Elle m’a déculpabilisé. Et oui, moi aussi je rentre dans ma bulle lorsque j’ai un livre, je n’aime pas être dérangée lorsque je suis plongée dans un roman. Et oui, j’ai eu droit au « tu n’as rien d’autre à faire que lire », « ne reste pas à rien faire », « éteins la lumière, il est temps de dormir »…

Chaque lecteur ne peut que s’y retrouver dans les attitudes décrites avec beaucoup d’espièglerie par Annie François. 

Page 74
Car le lecteur en apnée est imprévisible : un petit baiser dans le cou peut le faire sauter au plafond. C’est un asocial, un solitaire, une sorte d’autiste. Essayer de l’empêcher de finir son paragraphe : l’être le plus amène s’ensauvage. Tant qu’un lecteur n’a pas reposé son livre de plein gré, c’est un individu potentiellement dangereux.

Une des citations de mon profil.

Page 151
Ils ont mille défauts, mais ils sont apaisants. Ils disent, après chaque pose, « je ne vais pas me sauver, je suis là, je t’attends, je resterai, ne t’inquiète pas ». Ils rassurent l’amante craintive des livres.

Page 157
Je n’entends jamais sans compassion la plaisanterie sur l’homme qui n’a qu’un livre et n’a pas fini de le colorier. Je sais que ça peut m’arriver, et mon penchant pour l’aquarelle n’y sera pour rien. Je peux tout aussi bien mener grand train de lecture.
A chacun, chaque jour, son rythme. Et que nul ne s’en mêle ni ne juge.

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