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La belle de Joza -

Publié le par Véronique B.

La belle de Joza -

Pour échapper à la Gestapo, une jeune doctoresse de Brno, en Moravie, va lier son destin à Joza, l'idiot du village, véritable force de la nature plus ou moins vendu par ses parents quand il avait quinze ans pour travailler dans une scierie. Elle va le soigner et le suivre dans ses montagnes pour devenir sa femme, quittant ainsi une vie pleine de promesses, des amis aussi brillants qu'elle-même, un amant bien en vue et une belle carrière. Elle va partager loin de la ville le quotidien frustre et terrible d'un peuple roublard, crédule et en proie aux passions simples de la chasse, des bagarres et de l'alcool. Un monde également marqué par une farouche indépendance, nourri de fables et peu enclin à se laisser envahir. L'occasion pour l'auteur de dresser une inoubliable galerie de portraits et de raconter l'histoire d'un miracle amoureux, comme en suspens au-dessus de la catastrophe européenne, ou deux êtres que tout sépare vont apprendre à s'aimer.

L'avis des incorrigibles lecteurs

Une belle lecture que celle de « La belle de Joza ». Nous sommes en Tchécoslovaquie, au tout début de la 2ème guerre mondiale.

Eliska fait passer des courriers qu’elle dépose à différentes adresses. Jusqu’au jour où elle sait qu’elle est suivie. Elle suit la procédure : elle se réfugie dans un appartement et attend que l’homme soit parti pour rejoindre l’hôpital où elle exerce en tant que médecin.

Elle se voit contrainte d’abandonner sa vie et de partir avec Joza, alors hospitalisé, homme frustre et renfermé sur lui-même, à la force herculéenne.  Tout le monde le craint justement pour ça. On dit même de lui qu’il est idiot.

Il l’emmène avec lui dans son village retiré dans les montagnes. Ils se marient. Pour Eliska, c’est le jour et la nuit. Elle doit renoncer « au confort », électricité, eau… Elle se retrouve au moyen-âge. Tous les deux vont devoir s’apprivoiser. Joza est une bonne personne très forte, mais également très sensible. Ce qui les rapprochera, aussi, c’est leur amour pour la nature.

Eliska ne se démonte pas et va s’investir dans la vie du village et apprendre, apprendre à tout faire de ses mains, à cuisiner, à jardiner, à créer, à coudre, à broder…

Elle va faire la connaissance des gens du village et s’investira auprès de la vieille Lucka, personnage atypique, que tout le monde craint et redoute et qui est un peu la rebouteuse du village. Elle connaît tous les secrets des familles. Eliska et Lucka soulagent et soignent les gens du village, elles font également les accouchements.

Peu à peu, petit à petit, Eliska fait partie du village.

Mais la guerre étant là… si vous voulez connaître la suite, alors il faudra lire le livre.

Ecriture fluide et agréable, une belle découverte et bravo à l’écrivaine qui avait 82 ans lorsqu’elle a écrit ce livre.

Encore merci à  Bookycooky, Babeliote qui m’a donné envie de lire ce livre.

Page 121

Nous ne recevions pas d’argent. Les pauvres nous régalaient d’une slivovice que je sentais, dès la première gorgée, jusque dans mes doigts de pied. De chez les riches, nous emportions des paniers garnis : viande fumées maison, œufs, lard, beurre, grandes tartes aux fruits.

Mon savoir universitaire ne signifiait rien. Les leçons utiles, je les ai reçues ici. J’ai vu des chaumières à moitié vides, littéralement bues par la brute épaisse, des enfants battus et sous-alimentés, des petits vieux courbés, mais aussi des hommes fourbus, victimes de l’intempérance et de l’avidité des femmes. J’ai rencontré des mentalités arriérées, de l’égoïsme dépravé, une avarice insensée, et, d’un autre côté, une humilité angélique, la patience, la vaillance et l’amour.

Le monde de l’âme humaine, avec ses deux pôles irréconciliables, tournait ici comme une roue de moulin.

Page 157

Je marche comme un soldat au rythme du tambour. Mon âme m’a abandonnée. Elle erre sur des versants montagneux et monte la garde auprès d’inutiles tombeaux.

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